Page précédente

« Le défi de la non-puissance »

« Le défi de la non-puissance. L’écologie de Jacques Ellul et Bernard Charbonneau« , Frédéric Rognon, coll. « Convictions & Société », Editions Olivétan, Lyon, 2020.

En quelques mots: bouquin que j’ai (presque) dévoré! Certes Ellul est mon auteur préféré, dans le genre, mais j’ai été ici scotché en découvrant la pensée de son ami Charbonneau, et leur « fécondation intellectuelle mutuelle« . Le meilleur résumé condensé ce trouvant en p. 28: (Ellul est cité) «  »Sans lui [Bernard Charbonneau], je pense que je n’aurais pas fait grand-chose – et en tout cas rien découvert! » (…) Et Bernard Charbonneau de renchérir: « La rencontre avec Ellul m’a empêché de complètement désespérer ». » Dès le début des années 1930, une convergence des inquiétudes et des révoltes, une complémentarité des réflexions, entre les thèmes de prédilection de la technique et la théologie pour Jacques Ellul, de l’État et l’écologie pour Bernard Charbonneau. Avec la question de la foi chrétienne comme principal clivage entre eux. En plus de l’analyse globale de ce qui nous arrive (« La Grande Mue »), la proposition d’une issue (partielle) avec « l’éthique de la non-puissance » est à mon avis très éclairante et concrète, si on prend le temps de décliner cela dans nos quotidiens. Une lecture décapante, dont on ne sort pas indemne…

En complément. Les 2 grandes forces du livre de Frédéric Rognon, côté forme, sont déjà le travail exhaustif (!) de lecture et synthèse de tous (?) leurs écrits – la bibliographie fait 17 pages -, et ensuite une restitution en 32 (courts) chapitres. Donc des petits chapitres de 6-10 pages sur ces 32 thèmes, dont par exemple « Travail et loisirs » (chapitre 9), « L’idolâtrie de la voiture » (yes, chapitre 10!), « L’engagement dégagé » (chapitre 17), « Epître aux générations futures » (chapitre 21), « Retrouver le sens des limites  » (chapitre 26), « Bilan d’une vie de réflexion et d’engagement » (chapitre 28) on encore – évidemment, vu le titre – « La non-puissance » (chapitre 32).

C’est très dense, mais digeste presque du premier coup, vu les courts chapitres! La lecture est parfois exigeante, parfois facile, peut-être suivant le degré de connaissances ou d’expositions qu’on a déjà eues quant au thème traité. Elle peut se faire chapitre par chapitre, pas dans l’ordre, à condition d’avoir lu le début du livre et de situer l’un et l’autre.

Avec de tels fonds et une telle forme, ce livre est à mon avis une référence, à lire et re-lire par petits bouts, pour le chrétien qui désire être remis en question quant à sa « présence au monde moderne » (pour reprendre le titre du 1er livre écrit par Jacques Ellul, en 1948). « C’est en prônant la sobriété dans tous les aspects de notre style de vie que nous saurons être porteurs d’espérance » (p. 277). J’arrête là, car j’ai envie de citer trop de passage du la conclusion…

Je renvoie pour finir à cette excellente conférence de Frédéric Rognon, à Mulhouse, « Jacques Ellul, un penseur pour aujourd’hui et pour demain…« , très didactique, sur la vie de Jacques Ellul et les grands thèmes de sa pensée. Deux heures pour la visionner très bien investies!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *